Quand vient la fin de l’été…La mélodie s’est invitée ce matin, vieille rengaine qui fleure le marronnier d’un vingt heures de la fin Aout, un ciel gris, des devantures de marchands de glaces abandonnées, une vaste plage désertée à l’allure fantomatique, le tout suivi par un reportage sur l’autoroute…Un peu convenu tout ça, pas de quoi s’appesantir dessus et pourtant, on la porte tous en nous cette fin de l’été, un peu cliché mais toujours un peu madeleine de Proust elle a une saveur particulière, alors quand vient la fin de l’été…!
Quand vient la fin de l’été, dans une atmosphère rendue au vent et à la bruine, dans un paysage qui abandonne son costume méridional, quand le vent fait à nouveau rouler une fière cavalerie de nuages à l’assaut de falaises qui semblent à nouveau déchirées, que l’herbe devient subitement plus verte et que les murets de landes perdues redeviennent d’étranges chemins de pierre, que les ruisseaux semblent à nouveau parler un magique et mystérieux langage, la Bretagne redevient l’éternelle Armorique…!
Quand vient la fin de l’été, partent les vacanciers et revient le souvenir des vacances, celles de l’enfance, ce moment hors du temps entièrement voué à la magie, ce moment où une R16 remplie jusqu’à la gueule devenait un bateau qui vous emportait dans la nuit sur une route devenue un fleuve vers la profondeur de forets dont vous seriez le premier explorateur ou vers une plage qui le temps de trois semaines deviendrait votre ile, une ile dont vous seriez le Crusoé…!
Quand vient la fin de l’été, les matins redeviennent des aubes qui nous entourent de leurs promesses, les soirs redeviennent ce moment où tombe la nuit, où renaissent les reves et dans la fraicheur d’un air redevenu moins écrasant, dans la lumière plus limpide, moins saturée d’un soleil qui n’est plus au zénith, les paysages reprennent leur relief, les couleurs leurs nuances et leur profondeur, l’océan cesse d’etre ce calme lac bleu pour retrouver l’éclat et le fracas de ses couleurs émeraudes et opalines en meme temps que sa voix libérée retrouve toute la puissance de son chant et les forets emplies à nouveau de leurs senteurs germinales se mordorent pour inspirer au promeneur le calme et la beauté du temps qui passe…!
Quand vient la fin de l’été, devant les volets fermés de ces maisons où reposent nos vieux vélos, où reposent nos vieilles 2CV et nos filets à crevettes depuis si longtemps déchirés, devant ces rues vides que l’on pourrait croire hantées tant semble pourtant encore y flotter la joie de toutes les cavalcades enfantines ou adolescentes, devant ces allées parsemées d’aiguilles de pins où se sont faites toutes les gloires éphémères des étés révolus et qui sont rendues au silence, toutes les nostalgies d’une vie semblent s’etre invitées en nous, elles semblent meme nous poursuivre sur ces places dont nous nous rappelons soudain qu’elles ont vu notre jeunesse, ces places qui il y a huit jours encore semblaient éternelles quand elles flamboyaient au sons de leur rire et de leur couleur maillot de bain…!
Quand vient la fin de l’été, l’odeur iodée de sentiers entre ports et dunes, l’odeur de fleurs des dunes revient en nous et alors passent devant nos yeux fermés tous les fantomes des étés égrénés qui semblent comme en procession, marcher les uns derrière les autres sur un chemin ombragé baigné dans des effluves de mimosa, un chemin qui les fait déboucher sur une placette aux maisons de pecheurs alignées qui font face à un escalier qui descend une falaise au pied de laquelle apparait une plage, cette placette, cette falaise, cet escalier, cette plage pour lesquels l’impressionnisme a du etre inventé, remonte alors la marée des souvenirs et avec elle éclatent dans un feu d’artifice les images des vieux 420, des parties de peche, des chateaux de sables et des quatorze juillet…!
Mais quand vient la fin de l’été, la nostalgie elle meme prend les couleurs mordorées et chaudes de l’automne qui arrive et revigorée par la vitalité de ce vent autour duquel les feuilles tourbillonnent, elle se rappelle à nous avec un sourire bienveillant pour nous dire que ce qui est précieux dans la vie le sera toujours, que quels que soient les défis à la fin d’une nuit il y aura toujours une aube, au vent vivifiant de la fin de l’été la nostalgie se met à nous parler d’espérance…!
Quand vient la fin de l’été…Finalement les étés ne meurent jamais, ils sont cette madeleine qui au coeur de nos hivers nourrit et réchauffe notre coeur, une madeleine qui nous donne la force de voir la nostalgie comme une chance, la chance qui nous permet quand la vie vacille de toujours croire que pour chaque hier il y aura toujours un demain qui aura puisé ses promesses, sa richesse et son énergie dans cet hier, une chance qui nous dit que la vie finalement c’est toujours un espoir et qu’elle est quand meme sacrément belle…!
Bonne rentrée à tous !